Menu
Actualité

Le recours illicite au travail à temps partagé peut caractériser les délits de marchandage et de prêt de main d’œuvre illicite

7 juillet 2025

Cass. soc., 27 mai 2025, n° 23-21.926

Cet arrêt a été l’occasion pour la Cour de cassation d’apporter des précisions sur l’actualité du droit social et sur les conséquences attachées au caractère illicite du recours au contrat de travail à temps partagé.

Le travail à temps partagé est une relation triangulaire de travail dans laquelle une entreprise de travail à temps partagé met à disposition d’entreprises utilisatrices qui sont dans l’impossibilité de recruter elle-même un salarié qualifié, sous forme de missions à temps plein ou à temps partiel, du personnel qualifié. Chaque mission donne lieu à la conclusion :

  • d’un contrat de mise à disposition entre l’entreprise de travail à temps partagé et l’entreprise utilisatrice ;
  • d’un contrat de travail, dit « contrat de travail à temps partagé », entre le salarié et son employeur, l’entreprise de travail à temps partagé

Dans cette affaire, une salariée licenciée par une entreprise de travail à temps partagé sollicitait, outre la requalification de la relation de travail en un CDI, la condamnation in solidum de l’entreprise de travail à temps partagé et de l’entreprise utilisatrice au paiement de dommages et intérêts pour prêt de main d’œuvre illicite et délit de marchandage.

La Cour de cassation, déjà amenée à statuer sur la sanction de requalification du contrat de travail à temps partagé, considère qu’est requalifié en CDI de droit commun le contrat de travail liant l’entreprise de travail à temps partagé à son salarié, dès lors qu’il n’est pas démontré que l’entreprise utilisatrice remplit les conditions de recours au dispositif de travail à temps partagé. Ces dernières consistant en une impossibilité de recruter elle-même un salarié pour pourvoir à un emploi qualifié, en raison de sa taille ou de ses moyens (Cass. soc. 15 janvier 2025 n°23-15.239).

Qu’en est-il de la relation de travail liant la salariée à l’entreprise utilisatrice et de la répression du marchandage et du prêt de main d’œuvre illicite ?

La chambre sociale juge que la requalification du contrat de travail à temps partagé en CDI de droit commun n’est pas exclusive de la caractérisation de délit de marchandage et de prêt de main-d’œuvre illicite. La haute juridiction ajoute que la volonté de l’employeur de causer un préjudice au salarié est indifférente à caractériser ces infractions.

En l’espèce, le recours à un contrat de travail à temps partagé étant illicite, l’entreprise de travail à temps partagé peut être condamnée in solidum avec l’entreprise utilisatrice pour marchandage et prêt de main-d’œuvre illicite.

En revanche, le salarié ne se peut se prévaloir à l’égard de l’entreprise utilisatrice des dispositions de l’article L 1251-40 du Code du travail relatives à la requalification du contrat de mission d’un salarié temporaire en contrat à durée indéterminée auprès de l’entreprise utilisatrice. La sanction de requalification se limite donc à la relation de travail liant le salarié à l’entreprise de travail à temps partagé.

Cette solution, aux lourdes conséquences financières, devrait accroitre davantage la vigilance des entreprises de travail à temps partagé.

Dernières actualités
Actualité
Clause de dédit-formation et licenciement pour faute
Clause de dédit-formation et licenciement pour faute
1 octobre 2025
Actualité
Caractérisation d’un accident du travail : le juge prud’homal n’est pas lié par la décision de la CPAM
Caractérisation d’un accident du travail : le juge prud’homal n’est pas lié par la décision de la CPAM
1 octobre 2025
Actualité
Prise en compte des congés payés dans le calcul du seuil de déclenchement des heures supplémentaires
Prise en compte des congés payés dans le calcul du seuil de déclenchement des heures supplémentaires
25 septembre 2025
Guidé par une culture de l’innovation et un esprit résolument tourné vers la solution, Littler conçoit des stratégies RH sur mesure.
Forts d’une expérience solide et d’une expertise pointue, nous partageons avec vous l’essentiel du droit social et droit de la formation professionnelle. Inscrivez-vous pour recevoir nos dernières publications.